Résumé :
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L’extrême droite vous empêche de dormir ? Non. Et c’est bien là le problème… L’idéologie néofasciste est à ce point devenue le bruit de fond des sociétés dites «modernes » qu’on ne l’entend même plus. Et pourtant. Rarement un courant politique issu de la fin du 19e siècle aura démontré une telle vivacité et une telle capacité, farouche, à se réinventer. Sous des noms d’emprunts variés – mais toujours bien ancrés à la droite de la droite – les fachos d’aujourd’hui contaminent notre environnement comme jamais. Si les skinheads d’antan ont été relégués au rayon des sous-cultures en péril, leurs héritiers, bien plus policés, s’insinuent au cœur même de cette société 2.0 à laquelle, faisant fi bien souvent de tout esprit critique, nous adhérons toutes et tous béatement. Comme le rappellent les contributeur·trices de notre chantier, l’éducation à elle seule ne suffira pas à enrayer ce phénomène de pollution intellectuelle. L’autoritarisme antidémocratique et xénophobe utilise aujourd’hui toutes les ressources du capitalisme pour distiller ses thèses nauséabondes et il est clair que ce même capitalisme profite bien de la vivacité de ces groupes extrêmes quand ils contribuent à faire perdurer le règne de la marchandise. Mais plus encore, ce courant préfigure une société où les dominant·es d’aujourd’hui règneront demain encore, sans partage. L’extrême droite c’est l’idéologie du contre, contre les étranger·ères, contre les démocrates, contre les femmes, contre la solidarité. Contre tout ce qui constituerait une menace pour ses propres libertés, son morceau de pain, sa culture, son identité. Sauf qu’à bien y regarder, les autres, ceux·celles qu’on rejette ne sont pas ceux·celles qui se partagent le butin, ne sont pas ceux·celles qui détricotent nos conquis sociaux, ne sont pas ceux·celles qui bafouent nos droits fondamentaux, loin s’en faut. Alors oui, le sursaut doit être collectif mais avant d’adopter une posture morale et bienpensante face aux populations victimes du libéralisme mondialisé, il faudra nécessairement revoir nos discours et postures pour y déceler en quoi nous avons nous aussi, à notre échelle, participé à cette banalisation des idées démocracides. Le temps de la riposte antifasciste a sonné, aux côtés des dominé·es de tous horizons, de toutes nationalités et de toutes cultures. Pour l’émancipation et la liberté. Contre le grand capital et ses pantins réactionnaires.
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