Résumé :
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[...] La longueur de la procédure d'asile est un temps synonyme d'attente interminable, subjectivement à tout le moins. Ce temps pourrait faire penser qu'il donne au moins la chance au travail de proximité de se faire puisqu'il est long. Et pourtant, le dispositif fédéral d'accueil, enlisé dans une crise devenue structurelle, source lui-même des conditions de sa propre déroute, est marqué depuis trois ans par une complexité grandissante et génératrice de ruptures sociales. Sommés de faire avec des repères temporels aux règles toujours plus imprécises et imprévisibles, les migrants et les intervenants sociaux doivent faire avec un temps liquide, toujours plus incertain. Ce temps liquide est celui d'une «modernité où les formes sociales (les structures qui limitent les choix individuels, les institutions qui veillent au maintien des traditions, des modes de comportement acceptables) ne peuvent plus se maintenir durablement en l'état, parce qu'elles se décomposent en moins de temps qui ne leur en faut pour être forgées et se solidifier» [...]
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