Résumé :
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Aujourd'hui, en France, un ouvrier non qualifié a deux fois et demi plus de risque qu'un cadre supérieur de mourir entre trente-cinq et soixante ans. On pense souvent que des disparités dans la protection sociale ou les soins médicaux sont principalement en cause. Or, le rôle du système de santé est relativement modeste. Les comportements néfastes, tels que la consommation de tabac ou d'alcool, l'absence d'exercice physique ou une alimentation malsaine, sont aussi mis en avant. Ces facteurs ont indéniablement des effets sur la santé, mais ils ne sont en réalité que des médiations entre les conditions sociales et les états morbides. Il faut donc en revenir à un fait élémentaire : les inégalités sociales de santé sont avant tout des inégalités sociales. Les pays qui ont les écarts de revenus les plus importants sont aussi ceux qui ont les disparités devant la mort les plus marquées : ainsi aux États-Unis, les hommes des ghettos noirs de Harlem ont une durée de vie moyenne plus faible que les hommes du Bangladesh, l'un des pays les plus pauvres du monde. C'est la conjonction d'éléments concernant les ressources matérielles, l'activité professionnelle et la position dans son emploi, l'intégration sociale et les relations avec les autres qui rend compte des écarts plus ou moins grands observés. Aussi, les mesures les plus efficaces contre les inégalités de santé sont des mesures de justice sociale
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