Résumé :
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"Comment faire de l'anthropologie médicale ? Cet ouvrage aborde cette question sous tous ses angles : historique, méthodologique, épistémologique. Byron Good analyse d'abord la notion de ""croyance"" (opposée aujourd'hui à celle de ""connaissance"") et montre comment il y a eu une transformation de son sens au cours des deux derniers siècles, qui la rend désormais inutilisable. A l'inverse, Byron Good montre la nécessité de partir de l'analyse des ""pratiques"". Il rend ainsi compte de la manière dont sont formés les futurs médecins dans les grands centres universitaires. Les études médicales constituent une initiation à un monde totalement nouveau, avec ses règles et hiérarchies, étranger au monde profane. La notion de ""monde"" va constituer le fil directeur de son analyse. La biomédecine moderne ne s'impose pas de manière évidente, mais au travers de procédures d'enseignement, de décryptage du corps humain, de fabrication d'une conception du monde, qui constituent le sujet de l'anthropologie médicale. C'est dans ce cadre que Byron Good propose de penser l'ethnomédecine et la difficulté de traduire des notions comme par exemple celle de ""chaleur"" de la médecine grecque vers la médecine islamique, puis vers la médecine occidentale. A partir de la notion de ""monde"", il montre comment on peut rendre compte de pathologies comme la douleur chronique. La maladie transforme le monde dans lequel vit le patient, menant même à son effondrement. Pour la biomédecine, la maladie est dans le corps, alors que pour le patient, elle est d'abord dans la transformation de son monde. L'anthropologie médicale doit donc s'intéresser aux récits des patients, à la manière dont ils fabriquent une véritable intrigue à partir de leur maladie. Byron Good nous montre l'efficacité de cette démarche avec l'exemple d'une enquête qu'il a menée en Turquie sur l'épilepsie. Mais si l'anthropologie médicale veut privilégier les récits des patients, alors elle doit s'inspirer des modèles théoriques permettant d'analyser ce qui relève de la narrativité. Elle entre dans un rapport étroit avec l'esthétique. Pour Byron Good, la médecine la plus moderne est pleine de considérations morales et esthétiques et peut, en ce sens, faire l'objet d'une anthropologie, comme les médecines traditionnelles"
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